Journal | Mai 2021
- jeudi 6,
Hamlet, film de Kenneth Branagh, 1997
Au hasard du rayon DVD de la médiathèque, un Hamlet que je me doutais fidèle à l’original. J’ignore si les sous-titres reprennent aussi fidèlement et intégralement les traductions françaises du texte, mais l’écoute en VO est un réel plaisir, ainsi que l’atmosphère installée par la mise en scène d’un artiste qu’on devine passionné par son sujet. Et l’envie, encore plus qu’avant, de me plonger enfin dans la lecture de cet indémodable incontournable.
- dimanche 7,
Tess, film de Roman Polanski, 1979
Tess, LE film qu’il faut semble-t-il avoir vu lorsqu’on habite la pointe bretonne, UN DES nombreux sur ma liste « à voir d’une urgence où rien ne presse »...
Angleterre du 19e siècle. Les expériences malheureuses de Tess d’Urberville, jeune fille issue d’une famille paysanne pauvre potentiellement descendante d’aristocrates ayant perdu terres et fortune, qui va tenter par le mariage de reconquérir la classe qui est censée être la sienne.
Je ne doute pas que le roman de Thomas Hardy, Tess d’Urberville, dont ce film est l’adaptation, soit un chef d’œuvre de la littérature, remettant en question les dogmes de son époque et interrogeant les affres de la condition humaine comme savent le faire les livres qui font date. Cependant, concernant le film, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec un autre, datant lui de 1975, tant Tess me semble jouer l’image du miroir inversé...
Irlande, Prusse, puis Angleterre du 18e siècle. L’ascension sociale, puis la chute, d’un voyou parvenu à épouser une riche comtesse, conquérant ainsi titre et fortune, vite rattrapé par la fragilité de son statut : Barry Lyndon. Pour ceux qui suivent ce site régulièrement, oui, il pourrait s’agir d’une monomanie qu’il faudra m’excuser, c’est bien possible =)
Mais là, franchement, il aurait été difficile pour moi de passer à côté !
Barry Lyndon, film lui aussi adapté d’un roman, Mémoires de Barry Lyndon de William Makepeace Thackeray. L’ascension puis la chute d’une femme aristocrate déchue souhaitant rétablir le statut qui lui était « dû » contre celles d’un voyou cherchant titre et fortune coûte que coûte. L’un tourné en Bretagne, Locronan et les Monts d’Arrée simulant une campagne anglaise où Polanski ne pouvait se rendre, l’autre entièrement filmé, pour une fois, dans les paysages qu’ils décrivent (Irlande, Angleterre et Allemagne) — alors même que Kubrick est capable de nous faire avaler les rives de la Tamise pour un Viêt Nam dévasté par la guerre... La lumière, le cadre, la musique, le rythme, chaque élément constitutif de l’un semble être une anti-thèse volontaire ou involontaire de l’autre. Quant à l’affiche...
Personnellement, ô surprise, j’ai une très nette préférence pour l’esthétisme et la façon de faire plus généralement de Kubrick, et ce film de Polanski, si je n’exclus pas la possibilité de découvrir un jour le roman, m’a paru particulièrement brouillon et mal fagoté (et long et chiant aussi ; reproche qu’on peut tout à fait associer à Barry Lyndon si on n’arrive pas à rentrer dans le film). Voilà voilà. Mais au moins maintenant, je l’ai vu ^^
Les autres The Others, film de Alejandro Amenábar, 2001
1945 sur l’île de Jersey, la mort rôde dans et autour de la grande maison qu’habitent Grace et ses deux enfants, vraisemblablement hantée.
Scénario assez bien fichu, j’ai particulièrement aimé l’ambiance dans laquelle nous installent à la fois l’histoire, sa mise en scène, la présence des personnages, malgré, à mon sens, un cheminement vers le dénouement que j’aurais préféré plus subtil. Une belle réflexion, en fond, sur la représentation de l’autre ; je recommande sans réserve, et remercie qui m’en a recommandé le visionnage et se reconnaîtra
- dimanche 9,
Black Book Zwartboek, film de Paul Verhoeven, 2006
Le parcours d’une jeune femme d’origine juive qui après avoir perdu sa famille et dû se cacher pour se sauver devient espionne pour le compte de la résistance néerlandaise à la fin de la Seconde Guerre mondiale (septembre 1944-mai 1945) jusqu’à un kibboutz où elle est vit avec la famille qu’elle a créée et que l’on retrouve en octobre 1956, où des rêves se réalisent malgré les conflits qui, eux, continuent.
Écrivant ces lignes plus d’un mois après le visionnage, je dois avouer que j’ai bien apprécié le film, sans pour autant qu’il me laisse un souvenir impérissable. Des images restent, mais sur le fond, pas grand chose de plus que d’autres films autour d’une thématique proche. Cependant passé un bon moment.
- jeudi 13,
Fables T.11 à ? (les intégrales étant non linéaires, je ne sais plus...), comic book de Bill Willingham, Mark Buckingham, Sturges Matthew au scénario, Mark Buckingham, Vess Charles, Medina Lan, Leialoha Steve, Hamilton Craig, Akins Tony, Braun Russel au dessin, Urban Comics, 2004-2016 pour la présente édition
Bon, malgré les multiples tentatives je n’arrive pas à rentrer dedans. À mes yeux sympa mais sans plus, je n’y trouve pas mon compte, je vais arrêter d’insister.
Le voyage, roman graphique d’Edmond Baudoin, 1996, L’Association
Face à un quotidien ressenti comme répétitif et mortifère, fuites en avant aux atours de voyages initiatiques, dont les parcours sinuent au gré des carrefours et rencontres, un beau maillage d’humanité. comme toujours
- vendredi 14,
OTTO, l’homme réécrit, roman graphique de Marc-Antoine Mathieu, 2016, Delcourt
Intriquant profondément le fond et la forme comme il en a l’habitude, Marc-Antoine Mathieu nous embarque dans un voyage réflexif au cœur de l’identité, aux limites d’un trou noir, laissant la sensation de se faire absorber totalement, retourner corps et esprit dans lieu sûrement situé entre les 2,333e et πe dimensions qu’il semble connaître par cœur, où il nous perd et nous guide dans ce qui pour moi ressemble à un délice à la fois intellectuel et sensationnel.
- samedi 15,
Les yeux dans le mur, roman graphique d’Edmond Baudoin, 2003, Dupuis/Aire Libre (?)
Au travers de la relation entre un peintre et son modèle, en quelque sorte poursuite de la réflexion engagée avec Le portrait sur l’altérité, la difficulté extrême à atteindre réellement l’autre, toucher sa vérité, son essence, sans projection, par les silences, les ombres, les reflets... une nouvelle fois
- samedi 22,
Salade niçoise, roman graphique d’Edmond Baudoin, 1999, L’Association
La vie, c’est comme une boîte de chocolat. Et l’amour, comme une salade niçoise : chacun y va de sa propre recette, y mélangeant les ingrédients qui l’inspirent, pas toujours homologués par les puristes, mais souvent c’est bon quand même. Humour, poésie et délicatesse. encore et toujours
Bonus : Edmond Baudoin le niçois nous partage la véritable recette de la salade niçoise, la seule, l’unique (mais pas celle de l’amour).
- lundi 31,
The father, film de Florian Zeller, 2020
Une écriture remarquable, impressionnante, toute comme la mise en scène et le jeu des acteurs... une plongée au pays du je ne sais plus, à la limite du je ne suis plus. Sans pathos, sinon une scène particulièrement poignante à la toute fin, ressentir, dans la mesure du possible, le rouleau compresseur de la maladie d’Alzheimer, qui écrase tout sur son chemin et laisse démuni, d’un côté comme de l’autre, les parents, les enfants et l’entourage plus généralement. Déstructuration de l’esprit, les repères s’effacent, le temps n’est plus linéaire et ne reste plus qu’un gouffre au bord duquel on essaie d’être solidaires, tant que ça tient. Se raccrocher aux derniers débris du navire ; aux branches de l’arbre qui désespère de « perdre toutes ses feuilles ».
Un film violent, triste, dur, mais aussi drôle et tendre, humain. L’amour par dessus tout.
Une expérience pour tenter de mieux comprendre ce que chacun peut ressentir face au piège dans lequel il se retrouve. Au-delà d’un scénario copieusement documenté, on ressent l’expérience de celui qui a vécu de près, dans ses propres tripes. Chapeau.