La démarche
« La société » va mal.
Certes.
Mais... « la société », c’est nous qui la construisons, non ?!
Jour après jour, par nos pensées, par nos actions, par nos votes (??!??), par là où nous choisissons de dépenser chaque euro (ou Ğ1 ?) et les valeurs qu’il soutiendra (et sous-tendra)... Ce sont en fait tous nos choix du quotidien qui dessinent notre monde de demain. C’est une sorte de pointillisme en fait. Un pointillisme où le mélange a du bon.
Et cela peut même devenir une réflexion à plein temps... avec parfois ses contradictions, qu’il faut apprendre à accepter aussi (nous sommes des êtres humains),
Bon... alors non, non et non ! pas de tomates ! on est en mars ! et elles viennent de Chépahou ces mandarines... ben... des pommes, c’est bon les pommes ! pis desbrocolis[1] poireaux et des patates... au moins c’est local et de saison. Ouh ! faut pas que j’oublie le chocolat aussi, et du riz !
Ou selon nos moyens...
— j’ai envie de faire un super road-trip à travers le monde pour aller à la rencontre d’autres personnes, d’autres façons de vivre, plus proches de la nature, partir à la découverte, à l’aventure !
— avec ton diesel ? me sussure une petite voix
— rrhmmmhmmmm... vuii ????
C’est je crois déjà un grand pas de franchi que d’en avoir conscience ?
Mon chemin à moi, avec ses contradictions, avec les moyens dont je dispose là maintenant, pas demain (demain, on verra !), me pousse à vouloir dessiner une société basée sur le respect, celui d’autrui sans oublier le respect de soi (et de ce que l’on souhaite faire de sa vie et du temps qui la constitue), qui passe par le respect de notre environnement (au sens large), l’échange, l’équité, l’entraide [2] (alors qu’à l’instant-même l’accueil sur le territoire français de 20 êtres humains migrants bloqués en mer est un tel exploit politique qu’il est relayé en premier titre du journal radiophonique de 18h...), dans la recherche d’une vie bonne, en harmonie. Simple.
Des mots désuets ? choquants ? Si jamais c’était le cas, j’ai envie de participer à faire en sorte que ça ne le soit plus.
Des mots de rêveurs ? Je le revendique ! Des rêveurs le nez en l’air, les yeux sur la lune (et pas sur le doigt), la tête relevée, je veux en faire partie (que je le veuille ou non d’ailleurs, ceux qui me connaissent...).
Des rêveurs debout, éveillés, et qui avancent.
Une rêveuse qui ne comprend pas toujours le pourquoi des choses, comme les enfants, qui les remet en cause, les étudie avant de les accepter (ou non).
Une rêveuse qui, comme les enfants, tient à sa liberté, tient à pouvoir bouger comme elle a envie.
Une rêveuse qui, comme les enfants, aimerait bien vivre dans un monde où tous les êtres peuvent vivre en se respectant, où chacun a la possibilité d’être heureux s’il le souhaite...
Mes micro-actions à moi, de tous les jours (relatives aux choix que j’ai faits, nul prosélytisme là-dedans) :
- limiter ma consommation à mes réels besoins, mes réelles envies,
- réparer plutôt que changer,
- alimenter sainement autant mon corps que mon esprit, en évitant le plus possible le « prêt-à-consommer » industriel,
- préférer les producteurs locaux, les circuits courts, les fournisseurs indépendants de grands groupes [3]... ,
- manger des carottes plutôt que des lapins [4],
- vivre dans un endroit où j’ai la possibilité de faire pousser mes propres légumes, quelques fruits, quelques plantes aromatiques et médicinales, vers un peu plus d’autonomie alimentaire (possibilité pas encore exploitée grrr),
- inspirée par des amis qui côtoient le « zéro déchet », au moins réduire les miens, en privilégiant le vrac, en aménageant un tas de compost dans un coin du jardin, en réutilisant les emballages, en faisant soi-même,
- dans la mesure du possible, réduire ou optimiser ma dépense énergétique en ne chauffant pas plus que nécessaire, en gérant mieux les lessives, en réfléchissant les déplacements, en privilégiant les sources d’énergie dite verte (je suis encore loin du compte...),
- me sortir du giron des GAFAM et de leurs services que j’utilisais, « comme tout le monde », avant de comprendre que c’est moi qui l’étais... au profit de solutions libres et décentralisées (oui, soyez heureux et enjoués ! il existe d’excellentes alternatives à gmail, doodle, whatsapp, discord, facebook, dropbox, wetransfer, etc... qui en plus ne vous donnent pas l’impression d’être une tête de bétail à rentabiliser (Tutanota, ProtonMail, Framadate, Wire, Matrix, Diaspora, Mastodon, NextCloud, OwnCloud, Lufi, auto-hébergement et chatons... En découvrir d’autres)),
- m’impliquer dans des projets qui me tiennent à cœur, être curieuse, rencontrer, écouter, échanger,
- ... j’espère bien que la liste s’allongera au fil du temps,
À quoi ça sert ?
Au pire, à vivre en conformité avec mes idées, c’est déjà pas mal. C’est mon hygiène.
Si ensuite mes petits gestes du quotidien inspirent d’autres personnes, tout comme d’autres personnes m’ont inspirée, alors c’est tout bénèf.
Et tout ça sans oublier de se faire plaisir hein ! La vie est quand même beaucoup plus sympa =)
Puis pour moi, le respect, base de tout, passe par l’apprentissage de l’autre, donc l’apprentissage de l’inconnu qui par définition [5] nous fait peur, donc par l’apprentissage de la curiosité et par la culture... pour apprendre à n’avoir plus peur et savoir reconnaître les véritables menaces.
Alors la culture, ça me tient à cœur, vous le constaterez probablement...
Ces bases énoncées, j’ai aussi envie d’aller plus loin.
De nombreuses initiatives éclosent un peu partout, comme autant de labos d’expérimentations alternatives, sur des sujets aussi variés que l’habitat, l’énergie, l’économie... Des tas d’idées germent ou sont déjà en place.
Les thèmes qui me parlent le plus, pour le moment :
- la réflexion sur la notion de travail, son rôle social, ses liens avec la notion de rémunération...
- ... avec celle de donner du sens à sa vie, d’épanouissement ou d’avilissement dans un contexte de plus en plus malsain, avec des travailleurs en souffrance toujours plus nombreux,
- les conséquences micro- et macro-psychologiques (si j’ose les néologismes) de cette situation, sur notre façon d’être dans le monde, d’être avec les autres, et leurs répercutions sur la société,
- la création monétaire, la virtualisation de l’économie, la possibilité de désimbriquer l’économie de la finance [6], les monnaies locales, les crypto-monnaies, voire la question de la nécessité-même de l’argent, la notion de valeur...
- le développement de la culture des communs, d’une société basée sur ce paradigme, et les enjeux qui gravitent autour,
- le tout à mettre en perspective avec les avancées technologiques actuelles ou à venir à courte échéance : imprimantes 3D, intelligence artificielle, gérer les peurs, démêler les réalités possibles des fantasmes, l’accompagnement de ces outils par un cadre légal à la fois ouvert et éthique,
- et bien sûr les enjeux environnementaux, qui là ne sont plus de l’ordre de l’alternative...
Alors ! Un beau programme, non ?!
Il n’est pas impossible que je creuse un peu plus ces sujets, voire que j’expérimente à mon niveau, histoire de... (... voir, appréhender, comprendre, ressentir). Histoire que l’on soit de plus en plus nombreux à en parler aussi, que l’idée fasse son chemin. Petit à petit. Ce sera l’occasion de partager (je l’espère vivement en tout cas) et nourrir la réflexion, les interrogations : nos idées, nos expériences, nos impressions... Une étude commune, à la cool.
En premier lieu, un test grandeur nature autour de mon activité d’écriture, qui me demande disponibilité et temps (et c’est peu dire me concernant, consternée par ma lenteur !) : l’occasion d’une bonne étude de cas sur la création et sa rémunération.
C’est à mon sens un sujet de société particulièrement important dans la mesure où des réponses à cette problématique pourraient ensuite s’élargir à d’autres domaines que la création... et permettre d’envisager le travail autrement.
Pour cela je souhaite évidemment ne pas lier « un produit » et « un prix », mais tout au contraire dissocier les deux. Laisser libre accès au texte (et ses versions dématérialisées [7]) d’une part, puis mettre en place un mode de financement non conditionnel et volontaire d’autre part (notamment via les plateformes de financement participatif où sont déjà référencés de nombreux créateurs). Une façon d’envisager avec les outils de communication actuels d’autres acceptions du « prix libre » ou du chapeau retourné sur une table à l’entrée... Un autre positionnement, un autre rapport, puisque l’on sort de la logique « achat-vente-je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette » pour une forme basée sur le don, la générosité, de part et d’autre.
Est-ce économiquement viable ? J’en sais rien. Pourquoi pas. On verra bien.
Ce sera aussi l’occasion d’étudier les possibilités d’extension de ce système à l’activité de photographie, qui suscite plus d’interrogations face à des contraintes que je pense un peu différentes...
Yapluka...
[1] Hé ben non, loupé ! le brocolis, c’est pas avant juin...
[2] Je préfère le mot entraide plutôt que solidarité, qui — j’ai l’impression — conduit à une dialectique « maître-esclave » et au développement conscient ou non de rapports de pouvoirs contradictoires.
[3] On est toujours plus ou moins dépendant, c’est je crois ce qui fonde la vie en société (ça mériterait bien d’approfondir tiens)...
[4] qui pour remplir une seule gamelle de civet auront mangé tout au long de leur vie beaucoup plus de carottes et autres céréales qui ne serviront pas à nourrir des humains...
[5] Les restes d’un lointain instinct inscrit dans nos gênes où se méfier de ce qui s’était avéré mauvais ou dangereux, mais aussi de tout ce que l’on ne connaissait pas était une question de survie pour nos ancêtres, pas toujours pertinent aujourd’hui.
[6] ou de la logique financière, remettant alors directement en cause le capitalisme outrancier que nous connaissons actuellement
[7] Pour l’instant, je distingue le texte, qui comme une idée ou un concept n’a pas de réalité physique et à mon sens doit aller dans « le pot commun », d’une éventuelle version matérielle, un objet (fascicule, livre ou autre) considéré comme un produit dérivé, sorte de « bonus-collector-souvenir », non nécessaire à l’accessibilité dudit texte, mais offrant un quelque chose en plus, qui oblige alors une intégration logistique, la mise en œuvre de matières premières et d’une production qui engendre des coûts.
P.-S.
La ponctuation de cet article n’engage que son auteur ?e ?trice (ce sera le sujet d’une autre bafouille : Androgynisme ?!)