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Journal | Novembre 2023

 
  • dimanche 5,
Jeanne du Barry
Jeanne du Barry

Jeanne du Barry, film de Maïwenn, 2023

Mmh... d’un côté ce film m’a bien plu, rehaussé de quelques tentatives cinématographiques et mouvements de caméra intéressants, et d’un autre, il me paraît avoir le cul entre deux chaises : les personnages me semblent en effet bien trop caricaturaux, et le scénario trop superficiel pour réellement relever, à mon sens, du film historique (je suis beaucoup trop ignorante de la période pour avoir une quelconque idée de sa véracité ou de sa précision), et j’y préférerais sans doute le terme de conte (« Cendrillon et les coupeurs de têtes » ?), où les trois filles du Roi incarneraient d’ailleurs de parfaites belles-sœurs. Mais le problème, c’est que les contes, intemporels (comme bien souvent aussi les films historiques), abordent les problématiques de leur époque (de création).
Mais la liberté de ton, d’action et de provocation qu’elle, la « fille de rien » (ce qui ne l’empêche pas d’être éduquée et intelligente), oppose à un monde sclérosé vivant ses dernières années, et qu’on nommerait peut-être aujourd’hui féminisme ou humanisme (j’imagine que la présence du personnage de Zamor, enfant esclave noir, devrait être elle aussi signifiante), peut-être relent de l’avant-garde des Lumières ?, n’est rendue possible que par l’accession au pouvoir, ou du moins par la protection du détenteur du pouvoir (position acquise, là aussi le cul entre deux chaises, par l’exercice de ses charmes, et le bon vouloir du patriarcat). Je sens un désir de vouloir parler du rapport de force entre les classes sociales (avec une cocotte-minute en train de chauffer là dehors), tout en restant dans le microcosme de la cour, et m’interroge. Jeanne du Barry elle-même semble à l’origine plus issue d’une classe moyenne de commerçants, artisans et officiers, que de la classe formant le principal tissu du peuple français de l’époque (tissu rapiécé et peuple de plus en plus affamé). Alors je ne comprends pas. De quoi veut-on finalement me parler ? Peut-être quelque chose m’a-t-il échappé (alors svp dites-moi !).
Côté distribution, ce film m’a donné l’occasion de découvrir Benjamin Lavernhe, dans une interprétation tout en finesse de La Borde, premier valet de chambre du roi, et présenté comme seul véritable ami, et une prestation assez charismatique de Johnny Depp malgré un très léger accent américain qui me laissait de prime abord dubitative. Il serait en revanche vain de chercher une quelconque ressemblance entre les acteurs et les représentations que nous avons des personnages qu’ils incarnent. Quant à Maïwenn, enfin, elle est très présente à l’image — peut-être un peu trop —, cette omniprésence, ce choix de mise en scène (par Maïwenn), (m’)apparaissant plus de l’ordre de l’égocentrisme que là encore réellement signifiante.
Bref, passé un très bon moment, mais à la Cour, mieux vaut peut-être ne pas trop creuser sous le vernis.

 

 
  • dimanche 12,
After®
After®

After®, roman d’Auriane Velten, 2021, Mnémos

Alerte coup de cœur !
Ce récit d’anticipation (espérons pas) de sf (mais on est quand même bien partis) de sf (laissons-nous quand même une chance et un peu d’espoir !!) nous plonge dans un entre deux, à la fois paysage connu (reconnaissable) et inconnu, nous invitant, en même temps que ses personnages principaux Paule et Cami, à la curiosité, et au désir de comprendre ce qu’il s’est passé (et se passe). Une quête d’identité individuelle autant que de ce qui caractérise l’humanité, en général ou au travers de ses différentes, riches et nombreuses facettes. Les questions de la mémoire aussi, ou le choix de l’oubli et de la tabula rasa, au risque de recommencer éternellement les mêmes erreurs ; de l’égalité (stricte) face au respect de l’individualité ; et plein d’autres sujets passionnants (si si vraiment !) dont je ne pourrais parler ici qu’au risque de divulguer l’intrigue, ce qui serait bien dommage.
Très épuré, et plus de l’ordre du questionnement personnel, social et philosophique, il n’y a cependant aucun besoin d’être fan de science-fiction pour en apprécier toute la saveur.
Enfin, intégralement écrit de manière inclusive (sans point ni tiret), le roman propose en outre une recherche formelle particulièrement intéressante, à la fois signifiante (bien que la question de genre ne soit nullement centrale) et aisément lisible, donc accessible, et à laquelle par conséquent le lectorat pourra beaucoup plus facilement adhérer.
Premier roman remarquable (et remarqué par le Prix Utopiales 2021), j’attends la récidive avec impatience (ah ! Cimqa est paru en septembre dernier, et la quatrième de couv’ est plutôt alléchante... =) ).
En attendant, allez-y courez ! c’est du bon !!

 

Première mise en ligne 15 novembre 2023, dernière modification le 19 novembre 2023

LR CC by-nd

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